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PRIÈRE DU COMBATTANT

 

Mon être qui flamboie au souffle de sa bouche
Voit la vie et la mort en lumineux confins,
C’est par la volupté brûlante que l’on touche,
Ô monde, à ton âme sans fin !

L’univers provocant que jamais n’apprivoise
Le suppliant désir tendu vers sa beauté,
Je l’attire et l’obtiens lorsque mes bras se croisent
Sur un corps semblable à l’été !

Je travaille, je sais que l’homme est éphémère,
Que son ouvrage est vain, que son renom est court,
Que, pareil à l’Automne, il se mêle à la terre.
Mais la gloire est sacrée en servant à l’amour.
— Amour, divinité immense et solitaire ! —
Et quelquefois, la nuit, mon esprit curieux
Entend, tel un torrent situé sous les cieux
Qui roule mollement comme un dolent tonnerre,
Le soupir des amants et des ambitieux !