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LA NATURE ET LE POÈTE

Aimer est une ardeur plus amère que tendre,
Car toujours se quitter, espérer et attendre
Creuse le cœur comme un tombeau.

Aussi, ne sois jamais inquiète, ô Nature,
Quand mon esprit, séduit par l’humble créature,
S’éloigne parfois de tes deux,
L’échange que je fais est redoutable et triste,
L’homme est faible et sans but, et ta noblesse assiste
Aux sanglots des voluptueux !

Toi non plus, tu ne peux combler, selon nos forces,
Par ton ciel, ton soleil, tes ondes, tes écorces.
Le désir de l’âme et du corps ;
Mais ta sainte indigence est du moins attentive.
Tandis que si l’amour déçoit l’âme, elle arrive
Aux portes mêmes de la mort !…