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LES ESPACES INFINIS


L’espace est éternel, mais l’être est conscient,
Il médite le temps, que les mondes ignorent ;
C’est par ce haut esprit, stoïque et défiant,
Qu’un seul regard humain est plus fier que l’aurore !

Oui, je le sens, nul être au cœur contemplatif
N’échappe au grand attrait des énigmes du monde,
Mais seule la douleur transmissible est féconde,
Que pourrait t’enseigner l’éther sourd et passif ?

En vain j’ai soutenu, tremblante jusqu’aux moelles,
Le combat de l’esprit avec l’universel,
J’ai toujours vu sur moi, étranger et cruel,
Le gel impondérable et hautain des étoiles !

Entends-moi, je reviens d’en haut, je te le dis,
Dans l’azur somptueux toute âme est solitaire,
Mais la chaleur humaine est un sûr paradis ;
Il n’est rien que les sens de l’homme et que la terre !

Feins de ne pas savoir, pauvre esprit sans recours,
Qu’un joug pèse sur toi du front altier des cimes,
Ramène à ta mesure un monde qui t’opprime,
Et réduis l’infini au culte de l’amour.