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LA GRÈCE, MA TERRE MATERNELLE


Ton profil, net ainsi qu’un mur entre deux champs,
Ton haut casque arrondi, ta face calme et lisse,
Ta lance au jet d’argent proclamaient la justice,
La fierté, les lois et le chant.

Ta tunique aux beaux plis descendait sur tes hanches
Comme va l’eau du fleuve et le lait s’épandant,
Comme va la logique austère, qui ne penche
Que du côté de l’évident !

Et maintenant tes bras sont entravés de chaînes,
L’éther divin frémit d’un blâme aérien,
Et dans l’ombre on entend la voix de Démosthène
Murmurer « Ô Athéniens… »

Mais soudain ton regard qui calculait les astres
A posé sa clarté sur les sanglants chemins,
Et libre, bondissant, te mêlant aux désastres,
Ô mère antique des humains,

Tu reconnus ceux-là qui t’avaient bien servie,
Ô fille de tes fils ! Et leur donnant secours
Tu mêlas ta fureur, ta sagesse et ta vie
Aux combats enragés d’amour !