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LA GRÈCE, MA TERRE MATERNELLE


Sous un ciel enflammé de lumière onctueuse,
Tes chameaux au beau col, cygnes tristes et fiers,
Semblent fuir le destin, et sous leurs pieds se creuse
Le rire onduleux du désert.

L’énorme Sphinx camus, mage accablé d’études,
Rit aussi, possédant le secret sans pareil :
Il rit de ce sourire enivré qui prélude
Au calme sans bords du sommeil…

— Dors, grande Égypte lasse, amoureuse des tombes !
Ton épervier divin, même en ses jeunes jours,
Pliait nonchalamment une aile. Vous, colombes
De Kypris, vous chantez toujours !

Ô Grèce, c’est vers toi que courent mes paroles.
Terre de la pensée et du souffle éternel !
Vierge aux libres genoux, nymphe des Acropoles,
Bloc d’azur, de marbre et de sel !

Toi qui ne peux pas plus vieillir que ne vieillissent
Les vapeurs du matin des printemps successifs,
Les gouttelettes d’eau de la rame d’Ulysse,
Les jeux des agneaux sous les ifs !