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UNE GRECQUE AUX YEUX ALLONGÉS…


Plus loin, dans un passé plus vieux,
Je vois, sur un vaisseau qu’on frète,
Une vierge qui dit adieu
Des deux mains aux rives de Crète !

Elle part et quitte à jamais,
Farouche et plaintive Ménade,
Son île, un cousin qui l’aimait
Est secrétaire d’ambassade.

L’ambassade est sous un ciel froid,
Dès midi il faut des bougies.
C’est cette pleureuse, je crois,
Qui m’a transmis la nostalgie.

Mais les enfants de ses enfants,
Tout saturés de sel nordique.
Ont aime la brume, le vent,
Les nuages, l’eau, la musique ;

Ils ont aimé l’aigre printemps
Gallois, et les jardins d’Écosse.
C’est par eux que mon cœur se tend
Vers le suc des premières cosses.