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ÉVEIL D’UNE JOURNÉE…

Que la menthe rose intercepte.
— Ô jeune splendeur de l’été
Sûr de soi-même, indestructible,
Si saturé de volupté
Que votre orgueil semble insensible,
Je souffre lorsque vous riez
De toute votre verte force,
Avec les pommiers, les poiriers,
Les rameaux fuselés ou torses ;
Je souffre lorsque je comprends
Que votre éblouissant torrent,
Céleste, écumeux, qui se pâme,
Ne pourra réjouir mon âme
Que pendant quelque temps encor !
— Saviez-vous quel puissant accord.
Mêlé d’ineffable torture,
M’apparente avec la nature,
Par tous les rêves de ce corps
Plus que vous gonflé de verdure,
De plaisir défaillant et fort,
De soleil, d’espoir, de folie ?
— L’injuste ferveur qui me lie
À l’univers aveugle et sourd
Est mon triste et blâmable amour.
solitude nostalgique !
Que peut ce végétal cantique
Qui m’emplit et me méconnaît