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AUTOMNE, TON SOLEIL…


Le doux parfum des bois dissous dans le silence,
Les jardins, leur dernier œillet, mince et fringant,
L’abeille frappant l’air d’un vol moins arrogant,
M’emplissaient d’une amère et sûre défiance.

— Et pourtant, que m’importe, enfin, ce sol plus nu !
Voudrais-je maintenir l’expansion suprême ?
Ayant tout désiré, ayant tout obtenu.
L’excès dans la douleur et dans le plaisir même,

Ne dois-je pas aimer cette saison qui meurt,
Qui ferme lentement ses ailes fatiguées,
Et qui, sentant faiblir l’éclat et les rumeurs,
Se confie au néant, soumise et subjuguée ?