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LE CHAUD JARDIN


Bonheur de tous les sens, plaisirs de l’odorat,
Flèches des clairs parfums qui percent un sein tendre,
Qui dilatent la gorge et desserrent les bras,
Et font que tout le corps sur l’amour veut s’étendre…

– Ah puisqu’un tel vertige au milieu du jardin
Me rend ce soir pareille à l’hésitante abeille
Qui ne sait quel rosier, quel iris ou quel thym
Plus chaudement l’attend, l’attire et la conseille,

Puisque je puis avoir tant d’âme et tant de feu,
Tant de magicienne et tendre poésie
Qu’on sente s’émouvoir et se parler entre eux
Les pétales des fleurs que mes doigts ont choisies,

Ne viendrez-vous jamais, ô cher bonheur humain
Qui serez aussi beau que mon jardin suave ?
Et ne pourrai-je pas vous prendre dans la main
Pour mieux vous voir, ma Joie et pour que je vous boive…