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LA VILLE DE STENDHAL


Pourquoi n’est-on jamais heureuse ?
Hier, dans la froide Chartreuse
Qui dort au fond des vallons verts,
Je pleurais sur tout l’univers.

C’était cette fureur profonde
De vouloir posséder le monde ;
Quand on est comme vous et moi,
On est hors du temps et des lois.

Vous aimiez comme je les aime
Le trésor qu’on porte en soi-même,
Le destin qui n’a pas d’égal
Et le beau plaisir cérébral.

Derrière toutes ces fenêtres,
Des êtres vont s’aimer, vont naître ;
Ô mouvement universel !
Nous serons morts, Julien Sorel.

Tout votre amer orgueil éclate
Dans mon cœur d’ombre et d’écarlate.
Je vous ai bien aimé ce soir
Ô Julien du Rouge et du Noir…