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BAYONNE

Sous un azur au ciel de Tolède pareil.
Tes beaux petits jardins qui sont sous le soleil
Jettent une lueur jaune, rouge, vivante.
Tu n’as pas l’âpre éclat, ni la force énervante,
Ni la plaie amoureuse ouverte dans le cœur,
Ni la sombre fierté, ni la pourpre saveur
De tes sœurs d’Italie et de tes sœurs d’Espagne,
Mais de quelle bonté ta grâce s’accompagne !
Tu regardes briller dans tes soirs clairs et lents
Des combats de taureaux qui ne sont pas sanglants,
Tu portes en riant, sur ton âme païenne,
Les mystiques langueurs de la vieille Guyenne,
Et tends ainsi qu’un arc, dans la splendeur du jour,
Ton pont délicieux qui traverse l’Adour.
Et quand le moment vient de comparer ta grâce
Aux villes d’Orient dont l’éclat te dépasse,
À ces bourgs catalans dont tu ne peux goûter
Que les parfums flottants sur les brises d’été,
Tu trouves dans ton cœur, qu’un si doux azur baise,
Le bienheureux orgueil de la langue française…