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bittô


Il lui fait de hardis et timides serments.
Il l’entoure, il la presse, il tient ses mains, il joue…
— Et Bittô, déjà lasse et faible infiniment
Se couche dans ses bras et lui baise la joue…



Comme elle est grave et pâle après l’âpre union !
— Ô vous dont la pudeur tristement fut surprise,
Tendre corps plein de trouble et de confusion,
Bittô, je vous dirai votre grande méprise :

Le rude et lourd baiser dont parlent les chansons
Ne guérit pas le mal dont vous étiez atteinte :
Votre langueur venait de la verte saison
Du parfum des mûriers et des chauds térébinthes.

Pensant vous délasser d’un tourment inconnu
Qui vous venait des champs, des feuilles, de la terre,
Vous avez sans prudence attaché vos bras nus
Au cou du chevrier dont l’étreinte est amère :