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Qui craindrait de dormir dans la nuit sans aurore,
Puisque, pour voisinage et secret compagnon,
Il aurait votre front où brillaient les rayons
Que composait l’abeille embrasée et sonore !

La mort hait les humains ! Les astres refroidis
Que consultent encor les amants et l’augure,
Du moins gardent longtemps leur divine figure
Sous le céleste arceau du menteur paradis !

— Ainsi c’est vraiment vous, porteur d’encens, de myrrhe,
Qui près de nous gisez, abandonné, dissous,
Pareil, dans le néant qui vous capte en dessous,
À ces bijoux perdus de l’antique Palmyre !

— Mais je songe soudain que votre sombre amour
Avait élu l’amante obscure et taciturne.
Vous avez retrouvé la déesse nocturne
Dans le lit éternel où n’entre pas le jour,
Cependant que vos chants, honneur des écritures,
Atteignent, d’âge en âge, aux époques futures !