Tupapaüs, esprits des morts, larves cruelles,
Qui, dans l’étroite case, en repliant leurs ailes,
Vers la couchette où la peureuse ne dort pas,
Se glissent, froids frôleurs, et chuchotent tout bas :
C’est l’heure des Dieux, c’est soir des Dieux, c’est Soir !
Viens : pour les servir c’est toi qu’ils ont élue.
C’est soir de la mort et de l’amour, c’est Soir !
Viens : pour les aimer c’est toi qu’ils ont voulue.
Tu n’iras plus danser au bord de la mer,
Cueillir en chantant la fleur des lauriers-roses,
Baigner l’or de ton corps à l’or de la mer,
Fondre ton rêve au vague rêve des choses.
Tu ne dormiras plus sous les pandanus, —
Nous allons te saisir entre nos mains creuses :
Les vivants qui [aimaient sous les pandanus
Ont-ils su féconder ta chair amoureuse ?
Ton sang est condamné ! Le temps est venu
Où l’homme doit mourir pour ne pas revivre !
Il a trahi ses Dieux : le temps est venu
Ou dans la nuit de la mort il doit les suivre —
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