Page:Noa noa - 1901.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
NOA NOA

la vie. — La réponse de Téfatou serait l’arrêt rigoureux, mais prévoyant et désintéressé, de la sagesse suprême qui sait que les manifestations individuelles de la vie actuelle devront s’évanouir devant un plus grand être, pour qu’il vienne, et se sac rifler à lui, pour qu’il triomphe.

Bien plus bas, mais avec une portée poignante encore, cette réponse aurait le sens d’une prophétie nationale : un grand esprit des anciens jours aurait étudié, mesuré la vitalité de sa race, pressenti dans son sang des germes de mort, sans plausible salut, sans possible renaissance, et il disait : Tahiti mourra, elle mourra pour ne pas renaître.

Téhura parlait avec une sorte de religieux effroi de cette secte, ou société secrète, qui avait gouverné les Iles à l’époque féodale : la société des Aréoïs.

À travers les discours confus de l’enfant ; je démêlai les souvenirs laissés par une institution redoutable, singulière, je devinai une tragique histoire, pleine de crimes augustes, mais difficile à pénétrer, et défendue des curieux par la vertu d’un secret bien gardé.

Quand Téhura m’eut dit à ce sujet ce qu’elle savait, je n’informai de toutes parts.

Voici l’origine légendaire de l’illustre Société.