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la liberté des échanges. La conspiration, car c’en était une, organisée tout à fait à l’insu des intéressés, filateurs, tisseurs, maîtres de forges, eut en janvier 1861 l’effet d’un coup de tonnerre…

Stupéfaction, indignation, cris…

L’histoire est bonne à ne pas oublier.

Une aimable dame (Mme  R…) s’arrêtait à Rouen avant-hier, et hier, allant à Vascœuil, nous avait été recommandée. Elle voulut bien hier déjeuner avec nous, et nous l’avons promenée de curiosités en curiosités. Elle était ravie de Rouen et de ses monuments, de ses églises surtout et des vitraux de quelques-unes. Moi, sans la joie naïve de cette dame, je n’aurais éprouvé ce jour-là que colère contre cet art fou (mot de Préault dans la cathédrale, il y a quarante ans), art déséquilibré, art où la nature et la raison sont méconnues, outragées, art qui ne peut vivre qu’en une éternelle réparation, art dont nous mourons, alors que le vrai caractère de l’art est de susciter la vie…

Pendant que Mme  R… admirait ingénument ces merveilles gothiques, si la chose eût pu ne dépendre que d’un simple désir je les lui aurais fait voir dans toute leur beauté, c’est-à-dire dans un écroulement général.