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Voudrait-on, en arrêtant la transformation, arrêter, retarder la reviviscence ?

Ces restes d’une personne aimée, que dans un jour de déchirement vous déposez au cimetière, si vous les laissiez à eux-mêmes, vivants qu’ils sont toujours, ne tarderaient pas à se donner pour tombeau l’Univers entier. Dans l’air, dans le parfum des fleurs et des fruits, vous les retrouveriez ; bientôt ils deviendraient partie de vous-même.

F.-A. Pouchet écrivit dans son testament qu’on ne devait rien faire qui pût ralentir la transformation de ses restes.

Comment a-t-on pu jamais imaginer qu’un mort déposé dans la fosse allait s’y tenir ?…

La distinction malheureuse d’Esprit et de Matière, ici, a tout faussé. On a supposé que l’esprit parti il ne restait plus rien que matière puante, et, par conséquent, méprisable ; mais sa puanteur, c’est sa vie ; Matière ne connaît pas la mort ; Matière, c’est la vie éternelle. Bâtissez pour vos morts tombeaux, cercueils, pyramides, trouvez pour les construire les métaux les plus inusables, jamais vous ne forcerez un mort à rester dans la tombe ; toujours il vous échappera. Nous sommes tous et resterons l’invincible résurrection. La vie n’est qu’apothéose.

Il y aura dans trois jours quarante ans que je