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« Mais, me disais-je, tout cela n’est que de l’eau et va se déformer très vite en se desséchant. »

Je posai sur la cheminée de mon cabinet cette tige dépouillée de feuillage : toutes sortes de transformations allaient donc se produire… c’était donc ce que je voulais voir, et ce que j’ai vu et suivi dans le détail avec une véritable passion.

Quarante-huit heures ne s’étaient pas écoulées que déjà des rides légères apparaissaient çà et là. Diminution de poids, et puis vint la décoloration ; le vert disparut d’abord ; le rouge près des nœuds persista plus longtemps.

Je pus suivre également la diminution du volume, le ratatinement des fibres ; je vis, jour par jour, se rétrécir le canal intérieur… Il a maintenant tout à fait disparu.

La belle et rosoyante tige n’est plus qu’une sorte de grosse paille informe, de couleur marron clair ; mais la transformation n’est pas finie.

Voilà ce qui, toute cette fin de mois, m’a tenu attentif.

Évidemment, personne ne croirait à cette sénilité d’un genre assez rare et qui, peut-être, m’est particulière. C’est le retour aux amusements de l’enfance.

Mais les miens étaient originaux : seul dans le petit jardin de la rue Saint-Hilaire, je me délectais à ce spectacle.