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On a dit que le maréchal Bazaine était un traître. Si l’on appelle trahison une entente avec l’ennemi pour favoriser ses desseins en échange d’un avantage personnel, il n’y a pas eu trahison, au sens propre du mot, car le maréchal Bazaine n’a profité d’aucun avantage personnel. Mais un chef trahit son devoir lorsqu’au lieu de combattre, il entre en pourparlers avec l’ennemi, et lorsqu’il trompe son armée pour lui imposer une capitulation déshonorante.

Quelles pouvaient être les intentions du maréchal Bazaine ? Supposant, vraisemblablement, que la guerre ne saurait se prolonger et que le gouvernement révolutionnaire installé à Paris ne serait pas reconnu par le reste du pays, le maréchal pensait, sans doute, que son armée intacte serait une garantie pour le respect des conditions de paix.




En 1873 seulement, c’est-à-dire trois ans plus tard, un conseil d’enquête, chargé d’apprécier la conduite des commandants de places fortes, ayant émis, sur la capitulation de Metz, un vote de blâme, le maréchal Bazaine, toujours inconscient des fautes qu’il avait commises, demanda lui-même à être jugé par un conseil de guerre.

Ce conseil de guerre siégea à Versailles sous la présidence du duc d’Aumale[1], qui était le plus ancien général de division de l’armée.

  1. Le duc d’Aumale, fils du roi Louis-Philippe, avait commandé en chef l’armée d’Afrique.

    Après la révolution de février 1848, il avait été exilé avec tous les princes de la famille d’Orléans.

    En 1871, l’Assemblée nationale ayant rétabli ces princes dans leurs dignités, le duc d’Aumale reprit son grade de général de division, et c’est ainsi qu’il dut accepter la mission pénible de présider le conseil de guerre devant lequel comparut le maréchal Bazaine.