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réduits à capituler par famine, sans avoir livré une dernière bataille.

Cependant les vivres s’épuisaient, les rations étaient réduites à de la viande de cheval et à quelques pommes de terre. Il n’y avait plus de pain, plus de sel ; cette dernière privation fut une des plus pénibles. Il ne restait plus de fourrages ; des pluies continuelles transformaient les camps en bourbiers. Les chevaux tombaient mourant de faim. Les ambulances se remplissaient de malades. L’armée s’affaiblissait de jour en jour. La plus grande préoccupation était de se procurer à manger. Des centaines de soldats, sans armes, allaient, au delà des avant-postes, déterrer les pommes de terre dans les champs, et les Allemands les laissaient ordinairement faire sans les inquiéter.

Si, à ce moment, un suprême effort avait été demandé aux troupes, elles l’eussent fait, la rage au cœur. En mettant à pied les officiers et la cavalerie, et en attelant l’artillerie avec les chevaux qui restaient, il était encore possible de tenter une trouée ; beaucoup auraient succombé, mais beaucoup seraient sans doute passés et l’honneur du drapeau eût du moins été sauvé.

Rien ne fut essayé. Le maréchal continuait à avoir des pourparlers quotidiens avec des parlementaires qui allaient et venaient. Les Allemands, pour l’entretenir dans ces dispositions, l’engagèrent même à envoyer des officiers s’entendre avec l’Impératrice, qui était réfugiée en Angleterre.[1]

  1. C’est ainsi que le général Bourbaki, commandant la Garde impériale, consentit à sortir de Metz. L’Impératrice ne se prêta d’ailleurs à aucune de ces machinations, dont le but était de maintenir le maréchal Bazaine dans son inaction, jusqu’au moment où le manque de vivres le forcerait à se rendre.