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M. Drieux, penché anxieusement sur l’épaule de M. Gaste, se releva :

— Ah ! fit-il d’un air de profonde satisfaction, je ne vous ai pas dérangés inutilement, n’est-ce pas ? Il me semble que ceci n’est pas ordinaire.

Despax leva les yeux au ciel.

Il ouvrait la bouche pour essayer quelque brillante période, lorsque M. Gaste l’arrêta du geste.

— Monsieur, dit-il d’une voix sévère, toute réponse nous est interdite. Une analyse approfondie et minutieuse nous permettra seule d’avoir une opinion et de la formuler.

Toutefois, continua-t-il après une légère hésitation, messieurs les magistrats feront bien de surveiller, à partir d’aujourd’hui, les personnes sur lesquelles planent leurs soupçons.

Un éclair d’indicible triomphe passa dans les yeux fauves de M. Drieux, tandis que M. de Boutin, portant la main à son cœur, s’éloigna tout à coup et alla s’appuyer en chancelant contre le pilier extérieur du réduit où s’accomplissait la lugubre opération.

Durant une heure environ, M. Despax déchiqueta ce pauvre corps, enlevant un à un chaque organe, que M. Gaste prenait de ses mains et examinait attentivement à son tour.

La figure grave et réfléchie de ce dernier ne laissait pas deviner la plus légère de ses impressions.

Cependant de bizarres phénomènes passaient sous ses yeux.

Tantôt c’était une espèce de croûte noire à reflet métallique qui tapissait entièrement la muqueuse intestinale, tantôt c’était un enduit jaunâtre qui enveloppait le foie et la rate.

M. Gaste recueillait le moindre fragment, déposait