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Au lieu de protéger cette enfant, allait-il donc aider à apporter le trouble et le déshonneur dans ce foyer jusque-là si respecté ?…

Et M. Drieux aurait-il le calme, l’impartialité que réclamait cette œuvre délicate et terrible ?

Allait-il d’abord se taire ? Voudrait-il ensuite renoncer complètement à cette affaire, si, comme il l’espérait encore, l’autopsie déclarait que la mort avait été naturelle ?

M. de Boutin dormit peu ; mais durant cette insomnie pénible, assombrie encore par des visions qu’il essaya vainement de chasser, l’austère magistrat se promit de veiller de près sur M. Drieux et, au besoin, de le contenir à l’aide de la puissance presque illimitée dont la loi investit le juge instructeur.



VIII

L’AUTOPSIE


Il était neuf heures du matin.

Une pluie fine comme un brouillard pénétrait, en tombant, jusqu’à la moelle des os.

Les deux experts et les deux magistrats, fidèles au rendez-vous donné la veille, montaient graves et silencieux l’allée qui mène au champ de l’éternel repos.

Aucun d’eux ne parlait.

On aurait dit qu’à cette heure solennelle, arbitres et peut-être vengeurs de la société, ils faisaient un suprême appel à tout leur courage, afin de ne pas se lais-