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l’effet le plus immédiat des agents toxiques, répondit-il tout aussitôt. Et si, à l’autopsie, nous ne découvrons pas une cause probante à la mort, soit l’inflammation du foie qu’avait diagnostiquée M. Delorme, soit une lésion dans le cœur, l’intestin ou la poitrine, soit enfin une affection cérébrale, il est à peu près certain que l’agent inconnu nous apparaîtra immédiatement.

M. Drieux poussa un soupir de satisfaction. M. Despax ne songea à discuter que pour la forme, il se dit, quant au fond, parfaitement de l’avis de M. Gaste.

— Il est déjà tard, Messieurs, conclut le procureur, si vous le voulez bien, nous nous réunirons demain matin à neuf heures précises ici même, et de là, nous irons ensemble au cimetière, demander à la mort son secret. M. de Boutin vous enverra dans la journée des commissions plus régulières.

Les deux experts se levèrent ; le juge les arrêta :

— Messieurs, fit-il de sa voix grave, la mission qu’on vous confie est non-seulement une mission de science, mais c’est aussi une œuvre de délicatesse et de loyauté exceptionnelles.

— Il y a, vous le savez, dans la famille de Sauvetat une femme veuve aujourd’hui, mais encore jeune ; il y a une enfant de quinze ans qui entre dans la vie ; tout cela, si c’est possible, augmente notre responsabilité. Il ne faut pas que d’ici à demain personne puisse se douter de la triste formalité que vous avez à remplir ; c’est votre parole d’honneur que je vous demande, Messieurs. Vous ne direz pas un mot de cette affaire à âme qui vive, non-seulement de l’autopsie que vous allez commencer, mais encore de ses suites, si ; par un malheur épouvantable, et que je ne veux pas prévoir,