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Celui-ci y jeta à peine les yeux et se contenta d’incliner la tête.

Assis sur son fauteuil, il retomba dans une profonde préoccupation. M. Drieux respecta le désespoir du juge.

Une demi-heure ne s’était pas écoulée qu’un pas rapide retentit dans le corridor.

L’huissier introduisit M. Despax et avertit que M. Gaste, retenu par d’importantes occupations, ne tarderait pas à arriver.

— Mon cher docteur, dit M. Drieux, un crime a été commis à Roqueberre, ou pour mieux dire certains bruits ont éveillé nos soupçons, et c’est pour avoir une certitude que nous requérons aujourd’hui le concours de vos lumières.

— Je suis à votre disposition, monsieur le procureur, parlez.

— Le 1er janvier dernier, vous comme moi, nous escortions, à sa dernière demeure, un des hommes les plus estimables de notre petite ville.

Votre confrère M. Delorme, a expliqué l’étrange maladie qui emportait M. de Sauvetat, en affirmant que de rapides et foudroyantes complications avaient développé, du jour au lendemain, une vieille maladie de foie, et n’avaient pas tardé à la rendre mortelle.

M. Despax, ne parut pas surpris ; il se contenta de sourire mystérieusement.

— C’est M. Delorme qui a porté ce diagnostic-là, murmura-t-il d’un ton patelin ; mais c’est tout seul aussi qu’il l’a élaboré. Ce pauvre Étienne a toujours eu horreur des consultations, comme si plusieurs yeux n’y voyaient pas plus clair que deux !…

M. Drieux trop préoccupé de son récit, ne releva pas ce léger coup de patte que la charité médicale envoyait à un collègue ; il continua d’une voix grave :