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— À vos ordres, Monsieur, dit Laborde ravi de la perspective.

On s’était tu ; M. Larrieu était un riche minotier, propriétaire d’un moulin situé au milieu de la Beyre, devant la maison même du maçon.

Ses expériences continuelles, ses découvertes précieuses pour la minoterie du Gers et du Lot-et-Garonne, en faisaient un industriel aussi estimable qu’apprécié.

Le respect fermait donc toutes les bouches.

— Si j’interromps vos conversations, dit le meunier au bout d’un instant, je m’en vais. Je vous avertis toutefois que ce sera un regret pour moi, votre veillée d’hiver a une couleur locale qui me séduit.

— Ah ! dame, Monsieur, il n’y a pas d’apprêt ici ; sur la table, de la piquette, tout simplement ; de belles filles et de bonnes langues autour de l’âtre, voilà tout.

— C’est assez. Mais de quoi donc parliez-vous, lorsque je suis arrivé ? N’ai-je pas entendu le mot de miracle ?

— Oui, oui, répondirent cinq ou six voix en même temps, Annon a vu un miracle.

— Allons donc ! fit M. Larrieu avec un sourire d’incrédulité. Il n’y a plus de miracles, mes enfants, par le temps qui court.

— J’en ai vu un, affirma Annon.

— Un vrai ?

— Comme je vous vois. Vous savez bien que M. le curé assure que les saints seuls se conservent, eh bien, moi, j’ai vu ça ces jours-ci, un mort qui ne se décomposait pas, et c’est la première fois de ma vie. Voilà ce que j’appelle un miracle, et je n’ai pas tort.

— Un cadavre qui ne se décompose pas ! répéta