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— C’est vrai, affirma le maçon. Ah ! quel tableau ! En ouvrant la bière, en effet, nous avons vu son cadavre, replié sur lui-même, la figure horriblement contractée, les épaules arc-boutées, comme s’il avait voulu faire éclater le couvercle du cercueil, ses poignets étaient dévorés, c’était effrayant. Jamais je n’oublierai ce spectacle.

La partie s’était ralentie, les exclamations se succédaient avez une vélocité sans pareille.

Une fois entraînés sur la pente du merveilleux, les imaginations méridionales ne s’arrêtent plus.

— La nourrice de M. Dugougeon a vu une chose bien extraordinaire ! dit une jeune femme toute pâle.

— Qu’est-ce que c’est ? qu’est-ce que c’est demanda-t-on de tous côtés.

— Vous savez que M. Dugougeon est veuf, puisque sa femme est morte l’année dernière, à la naissance de sa petite fille.

— Oui, oui, eh bien ?

— Dame, cet homme est jeune ; il veut se remarier.

— C’est naturel.

— Avec qui ?

— Non, l’histoire…

— Eh bien, Jeanne, la nourrice, affirme que la veille du jour où monsieur devait dîner chez sa future, elle a vu la pauvre madame entrer dans sa chambre à minuit sonnant, se pencher sur le berceau de sa petite fille et s’en aller en emportant quelque chose qui ressemblait à un petit oiseau tout blanc.

— Allons donc, elle a rêvé, dit un esprit fort de la société.

— Non, non, elle n’a pas rêvé, et la preuve c’est qu’elle s’est levée aussitôt, et l’enfant était morte.

— Oh !… put-on entendre de toutes parts.