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Jacques se distrayait par l’étude et par de fréquents voyages. Depuis deux mois il était en Amérique, où il recueillait, pour le compte d’un de ses meilleurs amis, un héritage considérable, lorsqu’éclata, dans le pays, comme un coup de foudre, la nouvelle de la maladie et de la mort de M. de Sauvetat.



V

LA VEILLÉE DU MAÇON


L’expansion est bien certainement la qualité maîtresse, ou, si on l’aime mieux, la note dominante du caractère gascon.

Or, lorsque la langue ne peut rester silencieuse, comme dans ce bienheureux pays de cocagne, quand la sollicitude est insupportable, que peut-on faire, si ce n’est passer ensemble les longues soirées d’hiver, qui deviennent alors de courtes et charmantes veillées ?

Le samedi 16 janvier 1864, plusieurs habitants, des maisons qui avoisinent le quai, à Roqueberre, s’étaient réunis chez un maçon nommé Laborde.

Au rez-de-chaussée, une grande pièce, spacieuse et close, semblait faite tout exprès pour ces veillées d’hiver. Dans une large cheminée, un chêne tout entier flambait, chassant le froid et l’humidité.

Une longue table occupait le milieu de la chambre ; sur une colonne de bois montant jusqu’aux poutres, une quantité de petites lampes en cuivre étaient accrochées les unes au-dessous des autres.

Toute nouvelle arrivée apportait la sienne.