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La belle madame Descat, du reste, est très recherchée et très invitée partout.

Les visites abondent dans sa maison.

Elle reçoit tous ceux qui viennent chez elle avec la grâce triste et un peu hautaine qu’elle a toujours eue pour les indifférents.

On a voulu la mettre à la tête de toutes les œuvres pieuses de Roqueberre.

Elle a décliné ces honneurs et a très peu répondu aux nombreuses avances dont elle a été l’objet. Elle sort peu et ne se prodigue pas.

En revanche, tous les pauvres, tous les malheureux de Roqueberre se sont aperçus de son retour et la bénissent.

Souvent, le soir, assise au coin du foyer, à côté de Jacques et de M. de Boutin, ces amis fidèles dont l’affection confiante et inébranlable ne lui a jamais fait défaut, elle soupire et prononce deux noms :

— Lucien ! Marguerite !

Le président serre sa main et lui montre un berceau tout blanc qui est depuis quelques jours à l’endroit le plus apparent du petit salon où se passent les soirées de famille.

Jacques s’agenouille à ses pieds.

Il n’est pas jaloux de ce souvenir fidèle, que les bonheurs d’un amour partagé et les joies d’une maternité prochaine ne peuvent pas affaiblir.

Il sait que dans ce cœur rempli des sentiments les plus exquis sa place est toujours la première.

Il sait surtout quelle mère sera pour ses enfants l’ancienne recluse de Cadillac.

Aussi, pensant à sa pauvre petite pupille, il essuie les pleurs que son souvenir fait couler, et il montre