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Elle regarda son mari :

— Toi aussi, tu m’accuses et m’insultes ? demanda-t-elle farouche et violente.

— Oui, oui, je vous méprise, je vous renie, je vous maudis !

Elle porta la main à son cœur.

— Ah !… fit-elle avec un gémissement.

Puis, faisant un pas en avant :

— Lâche !… murmura-t-elle.

On aurait dit qu’elle allait mourir, tant elle était pâle ; mais, au bout de quelques instants, elle parut redevenir maîtresse d’elle-même :

— Écoutez tous, dit-elle, calme et froide en apparence, j’avoue avoir empoisonné mon mari, Lucien de Sauvetat, avec de l’extrait de Saturne, parce qu’il avait surpris mes relations avec Georges Larroche.

Mais je déclare formellement que ce dernier m’a poussée au crime pour ne pas être tué par M. de Sauvetat.

Marianne a raison, Georges Larroche est mon complice, il m’a conseillée et… aidée.

Sa voix était nette et ferme.

Elle reprit sans la moindre émotion :

— Je vais mettre mon chapeau, messieurs, et je vous suis.

Georges s’élança derrière elle.

Il riait ; ses gestes étaient désordonnés, des paroles incohérentes s’échappaient de ses lèvres.

Jacques regarda le procureur.

M. Dufour-Lafeuillade lut dans les yeux du jeune homme la pensée qu’il ne formulait pas :

— Soyez sans crainte, dit-il, ils ne s’enfuiront point : toutes les issues sont gardées.

— Elle est très forte, répétait M. Delorme.