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tation extérieure de quelque ancienne maladie honteuse cachée aux yeux de tous.

Avec cette légère donnée, j’ai cherché, j’ai fouillé dans tous les sens.

Où madame de Sauvetat aurait-elle pu se faire soigner du vivant de son mari ? À Roqueberre ? Évidemment non : elle était trop prudente. À Bordeaux seulement, cela sautait aux yeux ; car les visites fréquentes qu’elle faisait à sa fille lui rendaient les consultations faciles.

Je suis alors parti pour cette ville, et, armé des pouvoirs presque illimités que la loi donne au juge instructeur, j’ai pu aisément contrôler tous les registres des pharmacies ou des drogueries. Après bien des recherches infructueuses, j’ai enfin trouvé chez un M. Augé, pharmacien, ce que je cherchais.

À la date du 17 juin 1863, une livraison considérable d’extrait de Saturne avait été faite à une certaine madame Durand qui avait mis son nom en regard de l’inscription, sur le registre même.

L’écriture, évidemment contrefaite, de cette signature de fantaisie flamboya immédiatement comme une torche devant mes yeux. Oh ! le d de la fin, surtout, et une manière imparfaite de lier l’a du milieu, comme cela me frappa !…

J’avais trop souvent vu ces lettres dans les de Sauvetat placés au bas des procès-verbaux de l’enquête pour ne pas les reconnaître à première vue. Mais cette preuve ne me suffisait pas.

Je me rendis immédiatement chez le médecin qui avait signé l’ordonnance.

Celui-ci se rappelait parfaitement la circonstance et le cas, extrêmement curieux, paraît-il.

Je vous éviterai les détails ; le résumé, c’est qu’une