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Par un mouvement spontané elle découvrit la figure de madame Larroche, et, la regardant en face :

— Vous saviez bien cependant, dit-elle, que je ne vous pardonnerais pas une seule de ses douleurs ; je n’avais pas prévu sa mort !… Vous le saviez ! Je vous avais prévenue avant de partir, pendant que M. de Boutin et M. Drieux m’attendaient. Tenez, voici mes paroles : Prenez garde, si jamais vous la rendiez malheureuse, je sortirais de ma prison tout exprès pour vous dénoncer, et donner à la justice les preuves de votre crime, je le peux !

Et vous ne m’avez pas crue ! Imprudente, folle, misérable !… Et vous me l’avez tuée ! Ah ! mauvaise mère, mauvaise femme, mauvaise fille ! soyez maudite ! maudite ! maudite !… On vous tuera, vous aussi ; mais est-ce assez, cette minute de douleur et d’expiation, pour vous qui avez tant torturé, tant trahi, tant fait souffrir ! Ah ! la justice n’est pas juste !

Elle se retourna subitement vers Georges :

— Et à vous, son complice, que fera-t-on ? demanda-t-elle brusquement.

Celui-ci affolé fit deux pas en arrière.

— Moi, son complice, s’écria-t-il, non, non, je ne le suis pas ! je n’ai rien fait ! Ah malheur !

Mais Marianne ne s’arrêta pas à ses dénégations, elle dardait sur lui ses yeux enfiévrés et brillants d’un feu magnétique.

— Oui, son complice, je le soutiens, continua-t-elle avec violence et conviction. Pourquoi êtes-vous venu dans une maison hospitalière voler l’honneur d’un homme qui ne vous avait fait que du bien ? Pourquoi, vous aussi, avez-vous trahi et menti ? Pourquoi la mort est-elle entrée ici sur vos pas ? Ah ! vous étiez pauvre et misérable ! On ne le savait pas ; mais c’est vrai,