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À onze heures, un domestique porta à l’hôtel où il descendait depuis que son mariage était arrêté, un pli cacheté à son adresse.

Un horrible pressentiment lui saisit le cœur.

— Mademoiselle est-elle malade ? ne put-il s’empêcher de demander au valet de chambre debout devant lui.

— Dame, Monsieur, répondit celui-ci, cela se pourrait bien, car mademoiselle était blanche comme une trépassée.

Un nuage voila les yeux de Jacques ; il eut cependant la force d’ouvrir la lettre, elle ne contenait que cette seule ligne

« Je vous attends avant votre départ, venez.

« MARIANNE. »

Pas autre chose.

Il ne fit qu’un bond jusqu’à l’hôtel de Sauvetat.

On l’introduisit dans le cabinet d’études de Marguerite, où Marianne se tenait ordinairement. Le domestique n’avait rien exagéré ; la pâleur de la dernière heure couvrait les traits purs de la jeune fille.

— Ah ! s’écria Jacques, j’ai été trop heureux hier au soir, il y a aujourd’hui un malheur sur nous !

Elle se leva digne et froide.

— Monsieur Descat, dit-elle d’une voix dont le calme était démenti par l’altération profonde de son visage, vous m’avez dit souvent que jamais vous ne discuteriez ma volonté, quelle qu’elle soit, n’est-il pas vrai ?

Jacques glacé d’épouvante et pressentant la vérité, était incapable de répondre.

Sa gorge, serrée comme dans un étau, ne pouvait laisser passer aucun son.

— J’ai supposé que vous étiez homme d’honneur,