Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/427

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lorsque la jeune fille avait parlé de fournir des preuves authentiques, les yeux de Blanche s’étaient arrondis, ses dents s’étaient mises à claquer ; maintenant, elle devenait verte.

Elle voulut protester encore. M. de Boutin lui imposa silence.

Georges, affolé, se leva ; il commençait à comprendre.

— C’est elle qu’on accuse, n’est-ce pas ? demanda-t-il avec une épouvante terrible.

— Écoutez, ordonna le procureur d’un accent bref.

Marianne, seule, resta debout : tous ceux qui l’entouraient retombèrent sur leurs sièges, épouvantés, saisis au dernier point par ces suprêmes révélations.

— Je ne vais pas vous raconter, commença-t-elle de sa voix grave et lente, ni mon arrivée ni mon rôle dans la maison de Sauvetat, ce serait inutile ; ma vie intime n’a besoin d’être connue que de quelques personnes qu’elle intéresse tout particulièrement. Ce qu’il vous importe de savoir, c’est le crime et le mobile qui l’a fait commettre ; ce qu’il vous faut surtout, c’est la vérité ; la voici :

Un jour, par un hasard étrange, fatal pour moi, je me trouvai enfermée dans le cabinet de toilette de madame de Sauvetat pendant qu’elle était avec un de ses amants.

Tout à coup, sans transition, fut ainsi déchiré à mes yeux le voile d’honnêteté et de vertu dont elle recouvrait ses débauches et ses vices.

Mais, tandis qu’elle traînait un nom pur dans la boue, elle avait su, avec une habileté infernale, conserver intactes toutes les apparences. J’étais seule à connaître ce secret de honte, je résolus de me taire.

Cependant, pour demeurer libre de consoler plus