Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/419

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Louise, presque mourante de frayeur, partit accompagnée d’un domestique.

— Il y a trois ans, commença M. de Boutin d’une voix solennelle, la justice fut avertie qu’un crime avait été commis dans cette maison.

Les deux magistrats qui avaient le mandat et le devoir de poursuivre l’affaire vinrent ici.

Ils trouvèrent deux femmes en présence : l’une, dont on ignorait le nom et l’origine ; l’autre, qu’on connaissait, ou plutôt qu’on croyait connaître de longue date.

Blanche eut un sourire de mépris.

— Vous voulez parler de la maîtresse de mon mari et de moi, n’est-ce pas ? demanda-t-elle en ricanant ; autant vaut le dire franchement.

Jacques fronça violemment les sourcils.

M. de Boutin la regarda. Ses yeux clairs et implacables étaient en ce moment semblables à deux lames d’acier ; malgré elle, elle tressaillit.

— Vous entendez votre acte d’accusation, Madame, reprit le juge, veuillez ne pas l’interrompre.

Un frisson d’épouvante courut sur tous les assistants, Georges Larroche parut s’éveiller de son idiote apathie :

— Acte d’accusation ? répéta-t-il avec une interrogation niaise qui avait quelque chose de lugubre.

M. Drieux protesta seul.

— Oh ! oh ! fit-il, ceci demande de plus amples explications, monsieur le juge !

— Je vais vous les donner, continua M. de Boutin. Deux femmes étaient devant nous, je viens de vous le dire. Vous, monsieur le président, qui étiez alors procureur, vous accusâtes hardiment Marianne, le premier jour, et avant d’avoir la moindre preuve contre elle.

— J’étais l’interprète de l’opinion publique. Alors,