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roche a bien racheté les grâces peut-être un peu mondaines de la charmante madame de Sauvetat.

Quant à Georges, il s’endort maintenant chaque jour au coin du feu.

La faible lueur d’intelligence dont il faisait preuve autrefois, lorsqu’il raclait son violoncelle dans les salons de Roqueberre, s’est épaissie dans la vie rabelaisienne que lui a faite Blanche.

Aujourd’hui il mange et il dort… il dort et il mange ; c’est tout ; non encore, il engraisse dans les mêmes proportions que sa femme.

À l’heure actuelle, il dodeline de la tête, et à une agacerie plus accentuée de Blanche il répond par un grognement sonore et profond assez singulier.

On sonne. Quelques personnes viennent interrompre ce charmant tête-à-tête.

Le docteur Delorme, M. et madame Drieux entrent.

À leur aspect, Blanche assombrit subitement sa physionomie trop joyeuse, et répond par de gros soupirs aux compliments de condoléance que lui adressent encore ses amis.

Louise de Moussignac se réjouit d’une mission qui doit avoir lieu à Roqueberre.

Madame Larroche fera bien d’assister aux sermons ; on attend un Père jésuite dont on dit le plus grand bien. S’il existe une consolation à la douleur de Blanche, le Père la trouvera.

— Oui, répond madame Larroche, ils connaissent les chemins des cœurs et ils aident à panser des blessures, hélas ! bien profondes.

Elle lève les yeux au ciel, Louise s’attendrit…

Au même instant, et comme M. Delorme commence ses potins, un énergique coup de sonnette retentit dans le vestibule.