Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/415

Cette page a été validée par deux contributeurs.

indescriptible, arpentait de ses pas fiévreux le cabinet du juge.

— Monsieur ne veut-il pas manger ? venait demander de temps en temps le vieux valet de chambre du magistrat.

— Non, laissez-moi, je n’ai pas faim, répondait invariablement l’avocat.

Et Jacques reprenait sa marche inconsciente, machinale, presque folle, sans songer à terminer le manuscrit inachevé. Ah ! que cette journée fut terrible pour lui !… Qu’elles furent plus cruelles encore les heures qui suivirent !…



XVII

LA VENGERESSE


M. et madame Larroche viennent de dîner.

Il est huit heures environ ; un bon feu flambe dans la vaste cheminée ; les deux époux sont en tête-à-tête, ils digèrent.

Cette occupation parait maintenant très importante pour eux, pour Blanche surtout, dont le léger embonpoint d’autrefois a pris depuis quelque temps des proportions phénoménales.

Elle ne reçoit point, son deuil trop récent le lui interdit. Elle a donné des ordres en conséquence ; on n’introduira que les plus intimes, ceux qui ont droit d’entrer chez elle à toute heure. Pourtant, hélas ! la figure épanouie de madame Larroche ne fait guère supposer que son désespoir soit des plus inconsolables.