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n’est rien, n’est-ce pas ? Soyez raisonnable. C’est nerveux sans doute, il y a de l’orage dans l’air.

En effet, l’atmosphère était pesante, toute chargée d’électricité ; même à cette heure avancée on respirait péniblement. Au loin dans la campagne, de longs éclairs couleur de feu fendaient les nuages noirs, et illuminaient l’obscurité profonde de la nuit.

La jeune femme pleurait toujours.

Marianne voulut la déshabiller.

— Non, dit Blanche, laisse-moi ; c’est nerveux, comme tu dis ; demain il n’y paraîtra plus. Je suis bien, du reste, ici, sur cette chauffeuse.

La jeune fille s’agenouilla devant madame de Sauvetat, et l’entourant de ses bras :

— Voyons, ma sœur, fit-elle avec bonté, je t’en prie, laisse-moi passer la nuit auprès de toi.

Tiens, tu frissonnes, tu souffres, tu m’inquiètes. Lucien n’est pas ici, je ne te quitte pas.

Blanche eut un mouvement de peur.

— Au contraire, dit-elle avec une certaine volonté, monte dans ta chambre ; j’ai besoin d’un repos absolu pendant une heure ou deux, puis je me coucherai seule. Ne me contrarie pas, tu me rendrais plus malade.

Je vais lire, cela me calmera. Adieu…

Marianne embrassa Blanche, elle était habituée à ses caprices.

Sur le seuil de la porte, la jeune fille se retourna :

— C’est étrange, fit-elle, je suis tout inquiète : si tu allais être indisposée sérieusement…

— Non, non ; tu es une enfant. J’ai pleuré, je vais déjà mieux.

— Promets-moi de m’appeler si tu es souffrante.

— C’est dit. Du reste, je vais faire coucher Cadette dans la chambre à côté ; es-tu contente ?