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chez moi, toi ma sœur, je veux qu’on sache quels liens t’unissent à moi, pour qu’on te respecte et qu’on t’honore.

Elle secoua doucement la tête et répondit :

— Pour tous, je serai Marianne ; pour toi seul, pour cette Blanche que tu aimes, je serai votre sœur. Ma résolution est irrévocable. Je te demande ta parole d’honneur d’accéder à mon désir, ou je retourne chez les Beni-Muzza.

M. de Sauvetat ne pouvait se tromper à ce caractère résolu, il se résigna, et accepta la décision de Marianne.

Son cœur avait tressailli profondément en pressant dans ses bras cette fille de son père. La perdre lui semblait alors le plus grand malheur, celui contre lequel il devait tout d’abord se prémunir. Il espérait, du reste, que le contact des mœurs européennes et les préjugés de la société dans laquelle elle allait entrer, modifieraient ses résolutions.

Il lui laissa dès lors arranger à sa guise le plan qu’elle avait conçu pour quitter l’Afrique, aussi inconnue qu’elle y avait vécu.

Ce plan était simple ; elle allait retourner au mont Gamara avec ses deux vieux serviteurs.

De là elle emporterait tous ses souvenirs de la tribu, et elle irait rejoindre Lucien à New-York, d’où il la ramènerait en France.

La grande cité américaine ne la verrait ni arriver ni repartir. Nul lieu mieux qu’elle, dans son mouvement et son bruit, ne garderait son secret.

Le général de Sauvetat avait désiré être enterré dans la patrie nouvelle qu’il avait aidé à conquérir, celle où dormait déjà Chériffa.

Son fils respecta sa volonté.