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et sous les baisers de son fils et de sa fille. Nul dans le camp n’avait soupçonné la présence de Miriam dans la demeure de son père ; elle désira demeurer inconnue.

Durant la nuit, elle demeura seule avec Lucien à veiller M. de Sauvetat.

— J’ai tout fait, dit-elle alors à son frère, pour rendre heureux et tranquilles les derniers moments de notre père ; en sa présence, je n’ai rien voulu vous demander. Maintenant, avant d’accepter l’offre généreuse que vous m’avez faite de vivre auprès de vous, de partager votre nom et votre demeure, il faut que vous me juriez de me dire la vérité sur tout ce que je désire savoir.

— Parle, répondit M. de Sauvetat, je n’ai jamais menti.

— Vos lois de France m’autorisent-elles à porter votre nom ? Suis-je la fille légitime de notre père, comme vous êtes son fils légitime ?

Le jeune homme hésita.

— Qu’importe, dit-il enfin, si je te donne ce nom, et qui osera venir me demander des explications à moi, Lucien de Sauvetat ?

Une rougeur brûlante envahit les joues de Miriam.

— Je m’en doutais, murmura-t-elle, pauvre mère !…

— Ta mère était une sainte et loyale créature, ma sœur ; notre père m’a raconté sa vie et sa mort ; si elle avait vécu, elle serait devenue sa femme légitime aux yeux des autorités françaises, comme elle l’était devant vos cadis arabes. J’ai le droit, et le devoir de respecter la volonté de mon père, je le ferai.

— Oui, dit la jeune fille pensive, vous êtes un homme d’honneur, et vous ferez ce que vous dites ; mais je ne veux pas, moi, que le premier venu, en m’entendant