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avec vos grands yeux, vos dents de perle, et votre souplesse de liane !…

Le temps, au lieu d’affaiblir leur amour, l’avait au contraire rendu ineffaçable. Chaque jour donnait à leur affection une intensité, une force plus grande ; chaque jour apportait à Chériffa une estime nouvelle pour celui qu’elle avait choisi, à M. de Sauvetat une occasion de la bénir, de l’adorer.

Miriam entre eux était un lien indissoluble, les battements de leurs deux cœurs réunis en un seul.

Et, déjà sérieuse, dans la grâce de ses cinq ans, elle disait :

— Oh ! la France !… Quand la verrai-je ?



XIV

LA LÉGION ETRANGÈRE


C’était au mois d’août 1844. Muzza devenait chaque jour plus sombre et plus préoccupé : il recevait de fréquentes nouvelles, toutes mauvaises.

En effet, le Maroc, qui, malgré les traités, avait ravitaillé Abd-el-Kader, avait été attaqué par la France et défait à Tanger et Mogador.

Les marabouts parcouraient la tribu, excitant les Beni-Muzza à prendre leur part de la guerre sainte.

Le vieux chef hésitait, l’émir n’avait pas ses sympathies ; ce caractère cauteleux et souple n’avait rien de commun avec le sien.

Ne valait-il pas mieux demeurer tranquille et oublié dans la vallée, que d’aller combattre pour