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sous les berceaux d’orangers, leurs adorables concerts, une ombre se glissa derrière les massifs de jasmin et se dirigea vers un petit tertre recouvert de mousses et de saxifrages.

L’étranger était là, assis dans une attitude qui indiquait le chagrin et le découragement.

Sa belle physionomie altière semblait plus désolée, plus sombre que jamais.

De ses yeux doux et fiers, deux ruisseaux de larmes s’échappaient.

— Pourquoi pleures-tu ? demanda tout bas Chériffa.

Le voyageur tressaillit il se leva en voyant celle qui demeurait palpitante et émue à ses côtés.

— Je souffre, répondit-il simplement, plains-moi.

— Tu souffres, répéta-t-elle de sa voix de cristal ; est-ce de l’exil ou de la mort de quelque personne chère ?

Il remua tristement la tête, mais ses lèvres demeurèrent closes.

— Je veux savoir, insista-t-elle, tu peux parler.

— C’est le secret de mon cœur que tu me demandes-là ; si je te le dis, tout entier, te fâcheras-tu ?

Elle devint toute blanche.

— Parle, redit-elle en appuyant ses deux mains, sur son cœur, je t’écoute.

Il s’inclina.

— Il y a de cela sept ans, commença-t-il, j’ai perdu en quelques heures celle que j’adorais : ma femme, la compagne de ma vie. Nous avions été élevés ensemble, elle n’avait jamais aimé que moi, je n’avais désiré qu’elle. En quelques instants elle m’a été enlevée, sans que nul jusqu’à ce jour ait jamais soupçonné sa maladie.

Chériffa poussa un long soupir.