Jacques l’enveloppa d’un regard de sollicitude infinie ; mais l’amour qu’on lisait était si pur, qu’on eût presque dit une ardente effluve de tendresse paternelle. Il l’entoura de ses deux bras.
— Ma femme bien-aimée, murmura-t-il avec une douceur inexprimable, m’aimes-tu assez pour me pardonner le désespoir que je t’apporte ?
Elle se dégagea de l’étreinte de Jacques, ses yeux s’agrandirent, elle devint subitement blanche comme un suaire :
— Marguerite ! s’écria-t-elle, Marguerite !… Ah ! elle souffre, elle m’appelle, n’est-ce pas ? Je le sentais bien, et moi qui suis ici, impuissante et enchaînée ! Miséricorde !… Ah ! ma fille ! ma fille !…
Elle dit ces deux mots avec un accent profond, déchirant ; toutes les tendresses maternelles de son cœur, ces tendresses auxquelles elle avait sacrifié sa vie, y étaient contenues ; elle tordit ses bras, et, se renversant en arrière, un flot de larmes inonda son visage.
Jacques, immobile, n’avait pas la force de répondre.
Elle s’avança tout près de lui :
— Jacques, dit-elle, au nom de notre amour, de nos souffrances, de notre dure séparation, parle, je t’en supplie, ne me cache rien, est-elle dangereusement malade ?
À son tour, la figure de Jacques se couvrit de pleurs.
— Elle ne souffre plus, répondit-il d’une voix qui ne voulait pas sortir de ses lèvres, j’ai recueilli son dernier soupir et je t’apporte sa dernière pensée.
— Sa dernière pensée… son dernier soupir !… Ah ! je suis folle !… Mais… elle est donc morte !… morte !… morte !… elle… Ah !…