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trahirent, et elle tomba sans connaissance, pendant que M. de Boutin et Jacques, impassibles comme deux vengeurs, quittaient le cimetière.

Quelques minutes après, on emportait madame Larroche toujours évanouie, et la foule lentement se dispersait, moins impressionnée par ce dernier incident que par un fait étrange, que nul ne pouvait expliquer.

Avant la cérémonie funèbre, sur la tombe du père et de la fille, une main inconnue avait déposé deux couronnes d’épines.

Étroitement enlacées l’une à l’autre, elles étaient retenues par le même ruban de crêpe. On aurait dit qu’elles rappelaient les mêmes douleurs, les mêmes tourments ; plusieurs de ceux qui étaient là, frappés d’une intuition soudaine, ajoutèrent presque inconscients :

— Le même crime !…



XII

SON NOM


Deux jours après, Marianne surveillait dans la maison centrale l’atelier de lingerie qui lui était confié.

Elle était triste, mortellement triste. Elle ne cessait de répéter à madame de Ferreuse :

— Je t’assure, Marie, que quelqu’un des miens souffre et m’appelle. Jacques ? Marguerite ?… Lequel ?

— Veux-tu bien secouer ces idées noires ! répondait Aimée ; une femme vraiment forte comme toi doit-elle s’arrêter à ces puérilités ?