Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/338

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une expression de douleur poignante altéra les traits de Georges. Il sortit avec sa femme.

Vers le milieu de la journée, Jacques, qui voulait demeurer auprès de Marguerite la nuit suivante, alla se reposer quelques instants dans une chambre voisine.

Madame Larroche, à l’affût dans son appartement, s’aperçut de l’absence de Jacques.

Tout aussitôt elle remonta auprès de la mourante.

Elle s’assit au chevet du lit, à la place même que l’avocat venait d’abandonner, et s’emparant de la main brûlante de sa fille :

— Allons, mon pauvre chat, fit-elle de sa voix câline, d’où souffres-tu ? dis-le, que je te guérisse.

Marguerite eut un mouvement de répulsion involontaire que sa mère ne remarqua pas.

— Le cœur m’étouffe, murmura-t-elle, laissez-moi.

Mais Blanche ne se décourageait pas si facilement, lorsqu’elle avait un but.

— Moi te laisser, ma fille chérie, oh ! n’aie pas crainte ; ma place est ici, je ne te quitterai pas.

La malade se laissa faire.

Une heure durant, madame Larroche l’enveloppa des chatteries qu’elle savait si bien prodiguer à tous venants.

Au milieu des caresses dont elle couvrait sa fille, la petite mourante crut deviner une préoccupation sérieuse et étrangère à son mal.

— Êtes-vous fatiguée, ma mère ? lui demanda Marguerite.

— Pas du tout, mon pauvre chat, au contraire, je suis tout heureuse de cette sorte de permission qu’on m’accorde de demeurer près de toi. Mais…, m’en voudrais-tu si je te parlais de choses graves ?

L’œil de Marguerite brilla.