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front brûlant de l’enfant, et, sans prononcer une parole, il sortit à la hâte du salon, suivi de Jacques.

— C’est bien grave, n’est-ce pas ? demanda ce dernier d’une voix tremblante.

La physionomie du praticien était devenue sombre.

— Elle est perdue, répondit-il avec un geste de découragement. Le temps qui lui reste à vivre ne peut plus se compter que par jours, peut-être par heures !…

Jacques eut besoin de s’appuyer sur le docteur ; la vie l’abandonnait.

— Quelle est sa maladie ?

— Une affection de cœur arrivée à sa dernière période. Cette enfant a eu un violent chagrin qu’elle a voulu surmonter, et elle en meurt, voilà tout. Pour quelle maladie l’a-t-on traitée jusqu’à ce jour ?

— Pour des crises nerveuses.

— M. Delorme est un singulier médecin de n’avoir remarqué ni l’enflure des jambes, ni l’anxiété des traits, aux battements de son cœur qui l’étouffent, ni la bizarrerie des syncopes ; tout cela pourtant était caractéristique.

— Et il n’y a plus de remèdes ?

— Aucun.

— Y en aurait-il eu un au début de la maladie ?

— En faisant cesser la cause de son désespoir, peut-être ; autrement, non, à coup sûr.

Jacques revint vers sa pupille, la désolation dans l’âme, mais essayant cependant de surmonter l’angoisse qui le dévorait, afin de ne pas effrayer la petite mourante. Désormais, il ne voulait plus quitter la maison.

— Ah ! quel désespoir pour Marianne ! se disait-il sans cesse. Et M. de Boutin qui n’est pas là !…

— Combien de temps me reste-t-il à souffrir, mon