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cier de la Légion d’honneur, après plusieurs ouvrages importants sur le rôle réservé à l’électricité dans certaines maladies, M. Chérac avait, après huit ans d’efforts et d’études, une des plus belles clientèles de Paris.

On citait de lui des cures merveilleuses.

Pourquoi Marguerite ne lui devrait-elle pas la vie ? À son âge il y a tant de ressources ; et puis pouvait-elle mourir, elle pour qui Marianne s’était sacrifiée ? Jacques se répétait tout cela.

La voix faible de Marguerite arriva jusqu’à lui, comme il allait franchir le seuil du vestibule.

— Reviens, lui dit-elle.

Le jeune homme se retourna vers sa pupille.

Elle avait réuni toutes ses forces pour attirer jusqu’à elle une des branches sèches d’un buisson d’églantiers.

Elle l’avait cassée pour la séparer du tronc, et après bien des efforts sans doute, elle était parvenue à réunir et à nouer ensemble les deux extrémités, avec le ruban de deuil qui retenait ses cheveux. Vu ainsi, le rosier sauvage desséché était devenu une couronne d’épines rattachée par un crêpe.

— Tiens, dit-elle à Jacques en la lui donnant, tu la mettras sur ma tombe.

Et, comme il la regardait stupéfait, muet de douleur, cherchant à deviner sa pensée, elle mit ses doigts amaigris sur ses lèvres pâles :

— Je te défends de comprendre encore, mon ami, dit-elle avec une singulière autorité ; vas écrire à M. Chérac.

Le surlendemain, le jeune praticien arriva.

En descendant de voiture, Jacques le conduisit chez mademoiselle de Sauvetat.