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— Chut ! faisait Marianne attendrie, Tais-toi, Aimée, ne dis pas cela devant elle.

Le soir, il fallut se quitter.

La détenue pleurait et ne pouvait pas se séparer de mademoiselle de Sauvetat.

— Pauvre Gri-Gri, mon trésor, aime-moi toujours, répétait-elle au milieu de ses larmes.

— Je t’aimerai plus que tout sur terre, Manne chérie, répondit la jeune fille.

Puis, devenant subitement sérieuse et presque recueillie, elle se dégagea des bras de Marianne.

Tout à coup, par un mouvement doux, mais empreint d’une grâce infinie, elle s’agenouilla devant elle :

— Ma mère, fit-elle avec un accent d’amour et de respect impossible à rendre, bénissez votre fille.

Marianne éclata en sanglots.

Marie-Aimée saisit les deux mains, et les appuyant sur la tête inclinée de Marguerite :

— Bénis-la, ma sœur, dit-elle ; si elle te le demande, c’est que tu dois le faire.

Marianne fit un suprême effort, elle laissa ses mains étendues :

— Au nom de ton père bien-aimé, murmura-t-elle, au nom de nos douleurs communes, au nom de mon amour pour toi, je te bénis, ma fille adorée. Je te bénis, et puisse tout mon bonheur, toutes mes souffrances, toutes mes larmes, te rendre aussi heureuse que je l’ai rêvé.

Marguerite se releva…

— Adieu, balbutia-t-elle, adieu, ma mère, adieu, ma sainte, mon innocente, ma pure martyre, adieu ! Va, ta fille t’a comprise, et jamais tu ne sauras ce qu’il y a eu pour toi dans son cœur d’amour sans bornes et de reconnaissance infinie.