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Elle resta plusieurs minutes ainsi, en proie à une violente émotion, mais qui, cependant, ne l’empêchait pas de réfléchir.

Enfin, elle se leva, et essuyant ses yeux :

— Vous avez eu raison de compter sur moi, monsieur Descat, dit-elle, et de vous en rapporter à mon amitié.

Puis, plus bas, avec un nouvel attendrissement :

— Pauvre Gri-Gri ! soupira-t-elle.

Un quart d’heure après, elle entrait dans le cabinet de la supérieure.

— Ma révérende mère, dit-elle, il y a quelques mois vous me demandiez des fonds pour soutenir votre maison de Maupas ; j’ai reçu ce matin des nouvelles de mon notaire, je peux mettre cent mille francs à votre disposition, en sus des revenus que j’abandonne chaque année à votre ordre.

— Chère enfant, répondit la supérieure très émue, que de bien vous allez faire avec cet argent-là ! Dieu vous bénira, ma fille, pour vos bonnes intentions.

Aimée eut sur les lèvres un sourire de sphinx.

La supérieure ne voulut pas le remarquer ; elle continua :

— Quand voulez-vous signer l’acte de donation ?

— Le plus tôt possible.

— Bien, ce sera prêt demain.

— À propos, ma révérende mère, j’aurais une faveur à vous demander.

— Parlez, chère fille, n’êtes-vous pas mon enfant gâtée ? Que puis-je vous refuser ?

— J’ai une singulière : je voudrais garder Marianne toute une journée dans ma cellule sans ses habits de détenue.

— Bizarre idée, en effet. À qui donc voulez-vous la montrer ainsi ?