Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/303

Cette page a été validée par deux contributeurs.

soin jaloux. Mais puisqu’elle ne voulait pas demeurer seule, ne valait-il pas mieux qu’elle se mariât avec celui-là qu’avec un autre ?

M. de Boutin attira le front de l’enfant jusqu’à ses lèvres.

— Tu es un ange, Marguerite, dit-il avec une profonde émotion.

A ce moment, Blanche et son mari rentraient de leurs visites.

Ce dernier comprenait l’ambiguïté de sa position ; il était encore plus gauche, plus ridicule qu’à l’ordinaire.

Madame Larroche n’avait guère l’air plus assuré.

Elle ignorait de quel genre avaient pu être les confidences de sa fille, et, loin de venir en aide à Georges, elle hésitait elle-même, se demandant si elle devait sourire ou s’enfuir.

Tout le monde se taisait ; Marguerite, sérieuse, paraissait réfléchir ; mais, comme le silence devenait très embarrassant, la jeune fille se dévoua.

Elle se leva, et, se dirigeant vers Blanche :

— Ma mère, dit-elle, vous oubliez de présenter M. Larroche à mon tuteur et à notre excellent ami, M. de Boutin.

Madame Larroche balbutia quelques excuses ; ces paroles de Marguerite ne lui expliquaient rien, sa frayeur ne s’en allait pas. Mais mademoiselle de Sauvetat se retourna vers Georges :

— Voulez-vous faire quelque chose pour moi ? lui demanda-t-elle de sa voix profonde et harmonieuse ; aimez bien ces deux amis, ils le méritent ; et obtenez que rien ne soit changé aux visites quotidiennes qu’ils me faisaient jadis.

Le nouvel époux ébaucha un sourire, et à grand’peine s’avança vers Jacques et M. de Boutin.