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tune ayant besoin d’un administrateur sérieux, vous ne pouviez guère vous passer d’un second mari.

Blanche, suffoquant de joie, remercia ses amis et les invita à venir la voir à Auvray, où son intention était de donner des fêtes jusqu’à l’hiver.

Enfin, elle triomphait ; elle allait marcher désormais devant elle, droite et sûre de sa voie.

Qui donc oserait se mettre en travers et songer à sonder le passé ?

M. de Boutin ? Jacques ? Deux fous dont l’opinion publique faisait justice.

Non, non, l’empoisonneuse dormait oubliée dans sa honte, et, lorsque par hasard on prononçait son nom, c’était pour lui jeter une poignée de boue de plus au visage.

Elle, Blanche, était la sacrifiée, la victime volontaire, celle qui méritait tout bonheur et tout respect.

Le lendemain même, en grande pompe, en grande toilette, elle commença avec son nouveau mari des visites officielles.

Quelques jours après, ses salons n’étaient pas assez grands pour contenir la foule des gens plus ou moins sincères, mais tous empressés, qui venaient la féliciter.

Jacques et M. de Boutin accoururent à l’hôtel de Sauvetat aussitôt qu’ils eurent connaissance du retour de ses habitants.

Les nouveaux époux étaient sortis ; Marguerite reçut seule ses amis.

Un mois l’avait à ce point changée, que Jacques en fut frappé. Elle avait grandi. Sur son grand front, plus que jamais on lisait une volonté calme, réfléchie, mais absolue. Sa ressemblance avec Marianne s’était encore accentuée.